samedi 26 mai 2007

PATPONG

Patpong, c'est le bazar des vampires, le grand marché humain sur lequel le soleil ne se lève jamais.
Quatre rues baptisées, débaptisées, rebaptisées au fil du temps et des religions de la nuit bangkokienne. Un immense débit de boissons et de femmes, avec ses comptoirs crasseux, ses néons, ses portes entrouvertes, ses officines. Une société hâve et parallèle de vendeurs de contrefaçons et de hâbleurs...
"Massage, want massage!" "You no pay... just look-look!" "You! You! Sexy show? No? You like men better? No probem! Have! Same same ! Have many!" Tout en susurrant son baragoin à l'oreille de tous les hommes qui passent, un rabatteur leur fourre devant le nez le "menu" de la nuit, une mauvaise photocopie plastifiée répertoriant d'une écriture appliquée les spécialités des danseuses qui attendent à l'étage. Dans sa notation des prouesses locales, le stickman, chroniqueur de la nuit bangkokienne et grand expert en la matière, place en tête le "lancer vaginal de bananes", "d'un point de vue strictement technique", ajoute-t-il. Un peu plus loin, un sourd-muet fait des bonds de cabri en désignant ses génitoires pour convaincre le badaud de monter à l'étage. Technique inédite mise au point par le tenancier d'un salon de massage qui espère séduire ainsi la clientèle. Patpong est un manège de foire tournant à l'infini, saturé d'électrochocs et où les nerfs à vif se diluent dans l'alcool et la luxure.

Extrait de Bangkok, la nuit de Florence Compain et Cyril Payen, Editions Philippe Picquier - 2006.

Aucun commentaire: