Gérard Jugnot face à Brad Pitt

Le cinéma français n’a jamais vraiment été populaire en Thaïlande. Pourtant, depuis quelques années, les films français sont de plus en plus présents dans le pays, séduisant une minorité grandissante de Thaïs

Depuis quelques années le septième art français intègre de plus en plus la cinématographie thaïlandaise grâce à des événements promotionnels comme le festival culturel français "La Fête"
La filmographie française en Thaïlande n’est pas facile d’accès et peu de publicité lui est consacrée, seuls les magazines spécialisés en parlent. Diffusées seulement dans deux cinémas de Bangkok, le Lido et le RCA Rama House, les productions françaises ne dépasseraient pas les 2.000 entrées selon les distributeurs. Khun Petchladda, chargée de l’achat de films internationaux pour Sahamongkofilm, avoue d’ailleurs acheter peu de films français. "Ils n’intéressent qu’un faible public dans le pays, explique-t-elle. Les films français n’ont jamais atteint le box office thaï".
Intimiste, psychologique ou historique, le cinéma français a en effet la réputation d’être "philosophique" en Thaïlande, face aux contes de fantômes, histoires d’amours et autres films épiques à la thaïe dont les scénarii sont le plus souvent simples et récurrents. Parmi les films français les plus appréciés on trouve des comédies telles que Le dîner de con ou Astérix mission Cléopâtre, des films d’actions à la Taxi, des films de société comme Les Choristes ou Amélie Poulain, ou encore les films à l’eau de rose.

Un cinéma pour cinéphiles
La majorité des Thaïs considèrent le cinéma avant tout comme un divertissement. Et il semble que seuls les adeptes de l’art cinématographique proprement dit apprécient le cinéma français : une minorité en somme. Bruno Marchal, professeur de cinéma français à Thammasat, explique que les Thaïs ont une préférence pour la simplicité et rejettent généralement les films durs, tristes ou violents. Aussi, le cinéma français n’ayant pas ou peu de tabous, il peut certes attirer mais le plus souvent heurter la sensibilité thaïe, comme lorsque sont montrées des scènes entières de sexe. Warn, étudiante à Thammasat, avoue être à la fois intriguée et choquée par certains aspects du cinéma français.
Toujours est-il que les cinéphiles comme Jit, également étudiante, reconnaissent volontiers que si les réalisateurs thaïs prêtent une attention particulière au superficiel, les Français mettent davantage l’accent sur le script. "Les scénarios dans les films français sont très travaillés, estime-t-elle". Sa camarade, Au, ajoute même que "le jeu d’acteur est plus important que le physique contrairement aux films thaïs ou américains, où les héros sont séduisants. Les acteurs français ne sont pas forcément beaux, souligne-t-elle." En tête du top 10 des acteurs français préférés des thaïs apparaissent d’ailleurs Gérard Depardieu, Gérard Jugnot et Jacques Villeret. Rien à voir donc avec les Brad Pitt et autres acteurs de rêve qui tapissent les magazines thaïs.

Une popularité grandissante
Si jusqu’à présent le septième art à la française ne touchait pour l’essentiel que l’élite thaïlandaise, il intègre de plus en plus la cinématographie thaïlandaise, notamment grâce à des événements promotionnels comme "La Fête" ou encore des projections de films français dans les universités.
Alors qu’en 2003, seulement trois films français étaient sortis dans des salles thaïlandaises, le chiffre est passé à 16 en 2006, et cette année, 33 films français sont attendus sur les écrans de Bangkok ! Bruno Marchal a donc de quoi être optimiste : "petit à petit, on s’intéressera de plus en plus au cinéma français en Thaïlande, il faut patienter, indique-t-il". Alicia DESPRETS. (www.lepetitjournal.com Bangkok) mardi 13 mars 2007