jeudi 12 juillet 2007

Les larmes du tigre noir

Un film de Wisit Sasanatieng (Citizen Dog), avec CHARTCHAI NGAMSAN, STELLA MALUCCHI, SUPAKORN KITSUWON, ARAWAT RUANGVUTH


SYNOPSIS :

En Thaïlande, au siècle dernier, une douce passion unit deux jeunes gens. Depuis leur enfance, Rumpoey, fille de bonne famille, et Dum, campagnard timide, n'aspirent qu'à vivre une belle histoire d'amour, mais le sort en décide autrement.
Des années plus tard, bien des choses ont changé. Dum est devenu le redouté Tigre Noir, un brigand à la solde du terrible Fai, et Rumpoey doit, contre son cœur, se fiancer au séduisant capitaine Kumjorn. Pourtant, leur amour n'est pas mort. Rumpoey est restée fidèle, et jamais Dum n'a trahi son honneur.
Lors d'une attaque contre le quartier général de Fai, le capitaine Kumjorn est fait prisonnier. Par respect pour Rumpoey, Dum lui laisse la vie sauve. Le jeune homme ignore que son geste va déclencher un engrenage infernal. Contre le destin qui s'acharne, contre les trahisons et les dangers, Dum va, une ultime fois, défendre celle qui règne sur son cœur.


L’AVIS DE LA REDACTION :

"Plus kitsch, tu meurs"… tel est le maître mot de ce drôle de western thaïlandais qui, avouons-le, avive notre curiosité depuis plus d’un an déjà (il fut présenté au Festival de Cannes 2001, dans le cadre de la sélection "Un Certain Regard", mais les déboires de son distributeur d’alors en ont sans cesse retardé la sortie). Le voici donc enfin sur nos écrans, et le moins qu’on puisse dire, c’est que nous ne sommes pas déçus du voyage !
Parodie à peine maquillée du genre mythique américain, transformé en grand mélo lacrymal, LES LARMES DU TIGRE NOIR assume jusqu’au pastiche ses faux-airs lyriques. Personnages au romantisme mièvre, imagerie datée (photo stylée années 50), intrigue de western spaghetti (à moins que ce ne soit de " nouilles sautées chinoises " ?), le tout brossé à grands traits, les plus voyants possibles. En osant la comparaison, nous sommes un peu dans le " Bollywood " version Bangkok, à savoir l’excès, la démesure, la surdose d’émotions factices et la saturation visuelle…

Autant dire que le raffinement - relatif - de l’image n’est pas forcément synonyme de finesse ! Pourtant, pour peu qu’on fasse abstraction de toutes ces ficelles, grosses comme un paravent, on ne peut qu’être séduit par la singularité de cette œuvre patchwork, à l’esthétique de BD délicieusement rétro. Du cinéma comme on n’en fait plus… et comme on en n’a d’ailleurs jamais fait !
Wisit Sasanatieng a choisi de mêler références culturelles et techniques créatives. Son film s’inspire très largement des contes et légendes de la Thaïlande populaire, auxquels il associe, sans peur aucune du ridicule, une drôle de mixture cinématographique (la rencontre d’un John Wayne aux yeux bridés, avec un Roméo et Juliette à l’orientale, en quelque sorte…). Le graphisme très chiadé, aux couleurs vives, lui donne un relief très particulier. Un peu toc, mais finalement agréable à l’œil. LES LARMES DU TIGRE NOIR vaut surtout le détour pour l’exercice de style et le plaisir d’une découverte insolite. Pris au 15ème degré, et avec toute votre complaisance, ce film qui prouve, une fois encore, l’originalité et la diversité du cinéma thaï actuel, mérite qu’on lui prête, précisément, un certain regard…

Laurence Berger - www.commeaucineama.com


Filmographie de Wisit Sasanatieng:

2002 - Les larmes du tigre noir
2006 - Citizen Dog
Prochainement : The Unseeable


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