Mitchum avait l’avantage de parler thaï. Son foutre n’était pas meilleur pour autant mais les filles le préféraient aux autres clients du fait qu’il parlait notre langue. Avec lui, on pouvait tour à tour commenter la récente victoire d’un boxeur étranger au Lumpini Stadium, critiquer le dernier tube des Carabao ou même disserter sur la fidélité. On oubliait quelques instants les formules toutes faites récitées à longueur de nuit aux touristes de passage : « Hello, sir ! Can I seat here ? Thank you, sir. What is your name ? Where you come from ? » L’anglais des filles étant réduit à ces quelques vers, il était très difficile, vous en conviendrez, de parler avec les clients de la peur des fantômes, des derniers implants mammaires du professeur Sarakham ou du simple bonheur d’être thaï. Après tout, nous n’étions pas payées pour faire la conversation ! Et puis, comme le répétait souvent la mamasang, on ne parle pas la bouche pleine.
Chattaya
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