Le Danny’s Bar nous ouvrit ses portes sur un air lancinant qui faisait thaï nana na na na na…
– C’est quoi, cette musique ?
– C’est français, m’apprit Tchan.
Des garçons en slip blanc phosphorescent se trémoussaient sur une scène étroite, les mains agrippées à une barre chromée, des thaï nana na na na na comme des Malabar plein la bouche. Ils portaient un macaron épinglé au slip, sur lequel figurait un numéro à trois chiffres. Il y avait l’embarras du choix. Le 134 paraissait bien jeune, notai-je, ce qui ne l’empêchait pas d’avoir de grosses couilles.
– Je te présente mon cousin Keng, intervint Tchan.
Il avait vraiment une sale gueule, le cousin, avec ses boutons purulents qui bourgeonnaient en grappes un peu partout sur son visage. Je refoulai une grimace d’écœurement – la famille, c’est sacré. Le cousin Keng s’occupait de rabattre les clients à la porte du Danny’s Bar : « Hello, sir, come inside please, sexy show, fucking show, attractive young boys… » Je comprenais mieux pourquoi l’endroit était quasiment désert : une gueule pareille à l’entrée ne mettait pas en appétit. Il était pourtant minuit passé, l’heure idéale pour aller boire un verre dans un bar de nuit. Les établissements voisins, eux, à en juger par les cris d’hystérie qui s’en échappaient, affichaient complet. Des hurry up ! pleins de promesses et des waouh ! d’ébahissement éclataient aux oreilles du passant, qui s’arrêtait. Comment résister ? Pour sûr, c’est là qu’il fallait être.
Chattaya
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