dimanche 17 février 2013

Jam, mon amour (Thaïlande guili-guili)


Cette chanson me rappelle ma première année en Thaïlande, c'était il y a longtemps, au siècle dernier, l'Irak n'allait pas tarder à envahir le Koweit... et moi, chaque soir, après avoir ingurgité quelques Mekhong Coke, j'invitais Wéo à venir se frotter à moi... alors, sous les spotlights de la discothèque, elle et moi nous lancions dans un slow langoureux, avec dans nos oreilles cette superbe balade signée Tik Shiro, Ploi kao pai... Elle était belle, Wéo, elle sentait bon le diable chaud...


La magnificence de son sourire me manque. Ses yeux de biche – ou de vipère, c’est selon – me manquent. Sa peau peinture caramel me manque. Ses petits seins d’adolescente aux pointes dardant vers le ciel me manquent. M’enivrer des odeurs combinées de jasmin, d’orchidées et de noix de coco de ses longs cheveux noirs me manque. Sa panoplie de petite pute me manque. Ses soutiens-gorge aux bonnets rembourrés de coton pour donner du relief à sa poitrine me manquent. Et la petite bébête qui monte, qui monte, qui monte le long de ses jambes fines et interminables… Mourir dans le ravissement de ses douces tortures me manque. C’est ça, Jam, griffe-moi ! Et puis, son cul ! son cul ! son cul ! Hymne au carambolage ! Cantique de la bestialité ! Invitation au tutu-pan-pan !... Les chemises d’homme taille XXL qu’elle aimait revêtir pour dormir me manquent. Le grincement de ses dents la nuit me manque. Ses bouderies de petite fille gâtée me manquent – à chaque fois qu’on passait devant une bijouterie, il fallait lui acheter un bracelet ou un collier en or. Ne roulant pas sur l’or – je n’avais que 21 ans –, il m’était difficile de toujours dire oui. Alors, mademoiselle boudait. Ça ne durait jamais très longtemps. La raison : je finissais le plus souvent par céder. En tout, j’ai dû lui acheter une demi-douzaine de bijoux en or. Je lui ai aussi offert une paire d’escarpins rouges, des baskets Nike, un parfum Chanel, plusieurs robes de soirée et des produits de beauté à n'en plus finir. La couvrir de cadeaux me manque. Lui acheter une mobylette – la fameuse Honda Dream ! – pour ses 18 ans me manque. Aller au distributeur automatique de billets et lui offrir cinq mille bahts dans l’unique but de la voir sourire et m’enlacer amoureusement me manque. Ses larmes chaudes au moment de nous dire au revoir à l’aéroport de Don Muang me manquent. Nous rendre ensemble à Phuket me manque – c’était la première fois qu’elle voyageait aussi loin. Lui faire l’amour dans le train de nuit reliant Bangkok à Surathani me manque. À Koh Phi Phi, sur la plage, on avait fait la promesse de s’aimer pour la vie – promesse que je tiens toujours et tiendrai jusqu’à mon dernier souffle. Jam, mon amour, où es-tu ? Que fais-tu ? Est-ce que j’existe encore pour toi ? Je suis sûr que tu ne m’as pas oublié, que tu penses à moi comme je pense à toi, que tu m’aimes aussi fort que je t’aime et qu’au plus profond de toi tu ne rêves que d’une chose : me faire un nouveau suçon d’amour sur le cou pour montrer à toutes les filles de la Terre – surtout celles qui font de Pattaya leur terrain de chasse – que je t’appartiens et, donc, qu’elles ont l’interdiction absolue de m’approcher sous peine de prendre ton escarpin dans la tête. Ta jalousie maladive me manque. 
(Extrait de la nouvelle Jam, mon amour - Thaïlande guili-guili - Editions Gope)

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