mercredi 26 septembre 2007

Chattaya raconte


J’avais demandé à mon entourage de quitter le vestiaire ; il me fallait me concentrer avant la montée sur le ring. Au mur, dessiné à la craie, un graffiti d’enfant rappelait aux boxeurs de lever la garde. Je m’attardais sur le positionnement de ma coquille, pestant à voix haute contre la présence inopportune de ces couilles qui, selon moi, n’avaient rien à faire avec le monde de la boxe. Le sol du vestiaire était pavé de grands carreaux blancs comme on en trouve souvent dans les hôpitaux, hémorragies, coliques et vomissures obligent. Il était réconfortant de savoir qu’on pouvait laisser ses blessures saigner au retour du ring. Ainsi, en toute sérénité, j’allais pouvoir offrir mes arcades sourcilières aux poings et coudes de mon adversaire. Quelqu’un passerait l’éponge sur ma défaite. Je profitais de ce court moment d’isolement pour faire fondre sur ma langue un cachet d’aspirine effervescent. C’était ma façon à moi d’entrer dans la danse. J’offrais à mon sang la plus grande fluidité possible pour qu’il se répande en toute liberté sur le carrelage immaculé du vestiaire au sortir du combat. J’observais avec ravissement les nouvelles lignes de mon corps dans le grand miroir cerclé d’or qui faisait face à la porte d’entrée. En l’espace de seulement quinze jours, mes nichons avaient considérablement grandi, surtout celui de gauche ; les spectateurs en auraient pour leur fric. Pour mon plus grand bonheur, l’étrange cocktail à base d’hormones femelles que m’injectait chaque jour le docteur Chaiya dans la poitrine avait déjà porté ses fruits : fini les graines de lotus, pouvait-on lire depuis quelques jours dans les yeux de mes entraîneurs. Dorénavant, en attendant l’arrivée prochaine des pastèques, place aux mangoustans. Le traitement du docteur Chaiya s’avérait être bien plus performant que celui prescrit par Tasha quelques années auparavant associant pilules contraceptives et whisky. Lors des trois derniers entraînements, pour dire si les nouvelles lignes de mes pectoraux avaient du succès, Kanok et Voothi, mes deux professeurs de boxe, n’avaient cessé d’embrasser mes nichons du regard, se délectant, écume aux lèvres, de leur rondeur naissante. Les deux entraîneurs s’étaient même éclipsés tour à tour au milieu des exercices de frappe, prétextant une soudaine envie de pisser – belle mécanique que celle des hommes !

Chattaya


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