Thaïlande: et si on faisait un coup d'Etat chaque année?

Anniversaire morose, un an après le coup d’Etat en Thaïlande

En Thaïlande, la presse fait le bilan, un an après le coup d’Etat militaire qui avait renversé le Premier ministre corrompu Thaksin Shinawatra. La presse n'est pas tendre avec la junte au pouvoir qui l'a remplacé.

Dans son éditorial, le Bangkok Post titre : « Un an de perdu ». Pour le journal, les espoirs se sont évaporés. Les Thaïlandais ont oublié ces moments de joie où ils offraient des fleurs aux militaires pour les remercier de les avoir libérés d'un Premier ministre corrompu. « Un an après, écrit le Bangkok Post, rien ne mérite que l'on s'en souvienne ». Ce coup d'Etat était une opportunité énorme, mais la junte n'a rien fait, explique en somme le journal. Les militaires se sont contentés de chauffer les sièges en attendant qu'un nouveau gouvernement les remplace. Toujours d'après l'éditorialiste du Bangkok Post, le Premier ministre actuel n'a aucun charisme et ses ministres sont incapables de prendre des initiatives.

Le quotidien The Nation est tout aussi dur, mais il critique avec humour. Dans ce pays où les coups d'Etat sont fréquents, un journaliste de The Nation fait une proposition : « Et si on faisait un coup d'Etat chaque année ? ». Cela pourrait devenir une sorte de carnaval de Rio à la thaïlandaise et au moins la BBC et CNN donneraient une bonne image du pays. Les touristes afflueraient, on pourrait même organiser des mariages pour l'occasion, on photographierait les époux devant les tanks. Cela rapporterait de l'argent et tout le monde serait content.

Le journaliste de The Nation s'est replongé dans un article qu'il avait écrit en 85, au lendemain d'un coup d'Etat manqué. A l'époque, son fils de neuf ans, perplexe, lui avait demandé : « Alors, c'est tout, ce n'est que ça ? ». C'est donc pour éviter ce type de déception, que le journaliste propose un coup d'Etat annuel dans le stade national : les membres du gouvernement seraient abattus par des balles à blanc, les enfants pourraient prendre parti, et au moins, ils s'amuseraient.

Plus sérieusement, dans un autre article de The Nation, un journaliste explique qu'il est trop tôt pour faire le bilan de l'action de la junte. On ne pourra juger les militaires qu'une fois que les élections générales, prévues fin décembre, auront eu lieu.

source: RFI actualité

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