Après Chattaya, itinéraire d'un ladyboy et Thaïlande guili-guili, voici Magie thaïe, le troisième opus thaïlandais de Cyril Namiech.
Donatien et Alex vivent à Bangkok, où le premier vend des huîtres d’importation et le second fait se rencontrer les âmes sœurs. Les deux amis sont comme cul et chemise. Un beau jour, la petite amie de Donatien, biologiste cellulaire et adepte de la magie noire, lui lance un sort pour le punir de son incorrigible misogynie. Le voilà affublé désormais d’un sexe de femme en lieu et place de ses organes virils. Et la petite amie d’expliquer à Donatien qu’il devra passer quelques épreuves féminines s’il veut recouvrer ses attributs mâles. En bon copain, Alex sera mis à contribution. Donatien apprendra-t-il enfin les bonnes manières ?
Magie thaïe, farce et attaque, pétards et cotillons, comédie donc, sans voile ni tralala en veux-tu en voilà, de l’humour, du lourd, du bien gras, du haché gros, façon bouchère, des histoires de bite et de chatte, des potes, de la meuf, de la littérature fast-food à grandes bouchées, dans un emballage à jeter, que les éditeurs veulent pas, du refusé, du refoulé, du zéro, sauvé des eaux des chiottes, du PQ recyclé sur la toile, l’ebook de l’année à coup sûr, le bestial-seller de la boutique, du garanti poilant, du rire en ligne, des blagues à en sniffer sa liseuse, Magie thaïe je vous dis, retenez bien, pas déçus vous serez !
Magie thaïe est dédié à David Carradine, héros de la série télévisée Kung Fu, mort dans la penderie de sa chambre d’hôtel à Bangkok, victime d’un accident de masturbation (n’a pas respecté le stop).
Disponible en ebook ici
Extraits ci-dessous
Extrait 1
Je m’appelle Donatien. J’ai 41 ans. Je vis et
travaille à Bangkok depuis trois ans : je suis importateur d’huîtres de
Normandie, lesquelles ont un succès grandissant dans les bars et restaurants haut de gamme de la capitale
thaïlandaise. J’importe également de la crème de cassis – le kir royal est en
passe de détrôner le Spy dans les clubs branchés de la Cité des Anges. Je viens de
faire l’amour à Da, 28 ans. Elle et moi sommes allongés sur le lit. Un lit à
une place. D’après Da, un lit king size
prendrait beaucoup trop de place dans sa chambre. Le studio qu’elle occupe,
situé à deux pas de l’hôpital Chulalongkorn où elle travaille, mesure moins de
vingt mètres carrés. Alors, tant pis, on s’ébat sur le matelas 80x190 acheté en
promotion à Chinatown. Heureusement, il nous arrive aussi de faire l’amour sur la
descente de lit. Une descente de lit imitation léopard, pour les ruts sauvages.
Sinon, il y a également la table basse sur laquelle s’entassent des albums de
photos. Mais ça, Da apprécie peu. À cause de la démesure de son coccyx – Da
descendrait du diplodocus. Tout ça pour dire que le terminus de sa colonne
vertébrale lui fait horriblement mal quand on s’unit à la papa sur la table basse de sa chambre. Je lui ai bien proposé
d’aller se faire raboter le coccyx – afin qu’elle puisse, le plus naturellement
du monde, s’adonner au plaisir de la table – mais mademoiselle ne jure que par son
matelas bon marché si confortable pour son popotin. Ah, les Thaïlandaises à
queue de diplodocus !
Extrait 2
Je m’appelle Panida. J’ai 28 ans. Je ne suis pas ce
qu’on appelle un canon de beauté, mais, physiquement, je pense être une Thaïlandaise
plutôt séduisante, une femme à qui les hommes aiment adresser des sourires
charmeurs, que ce soit dans le rayon sciences occultes de la librairie Kinokuniya du centre commercial Siam
Paragon, à la terrasse du Starbucks
Coffee de Khao San Road ou à l’enregistrement du vol pour Doha lorsque
j’accompagne papa à l’aéroport.
Donut, l’homme avec qui j’essaie d’établir une relation
amoureuse digne de ce nom, m’attend à l’intérieur du parc Lumpini. De l’hôpital
Chulalongkorn où je travaille, je n’ai qu’une rue à traverser pour me rendre dans
cet immense jardin à la végétation luxuriante dans lequel je pratique le tai
chi deux matins par semaine. J’ai donné rendez-vous à Donut en face du pavillon
chinois situé à proximité de l’espace réservé aux culturistes – des fois qu’il
lui prenne l’envie de soulever de la fonte.
Le petit bonhomme passe au vert : je peux traverser.
À l’intérieur des voitures immobilisées au feu rouge, les hommes, spumescents,
me déshabillent du regard. Le temps, comme toujours, est à l’orage dans les testicules
– c’est chimiquement masculin. Au volant de son taxi rose, le chauffeur originaire
d’Isaan s’imagine-t-il me prendre tout habillée sur le capot brûlant de sa
Japonaise ? Et son client occidental, viagra et dollars en poche, combien
d’argent est-il prêt à mettre pour que je le rejoigne sur la banquette arrière
du taxi ? Je les entends déjà, tous ces hommes, le sexe en bandoulière, me
couvrir de fleurs : « Je t’aime, toi ! Thai lady beautiful ! Je t’embarque pour la nuit,
princesse ! » Habillée pour l’hiver, Panida ! Désolée de vous
décevoir, messieurs, mais la jeune femme qui traverse la rue devant vous, aussi
gracile et désirable soit-elle, passe le plus clair de son temps à prélever des
cellules souches sur des cadavres. À propos, si un jour ces messieurs venaient
à se retrouver dans la salle de dissection de l’hôpital Chulalongkorn et que je
m’apprêtais à prélever leurs cellules, seraient-ils toujours en mesure de
bander ?
Extrait 3
Des femmes issues de la haute société thaïlandaise – les
fameuses Hi-so –, estampillées
Vuitton-Prada-Gucci des pieds à la tête, promènent leurs toutous. Chihuahua,
yorkshire et bichon maltais sont de sortie. J’aperçois même un teckel noir et
feu en tête de cortège. Chaque propriétaire a bien sûr pris soin de souscrire une
assurance-vie pour son toutou adoré – des fois que celui-ci finisse
accidentellement dans la poêle à frire d’une vendeuse de rue. Je marche
derrière ces dames de la haute, slalomant entre les fientes de leurs progénitures
à poil. Bizarrement, je trouve les déjections canines très belles, en tout cas
beaucoup plus décoratives que leurs homologues parisiennes. Il y en a de toutes
les couleurs, des rouges, des vertes, des bleues, des jaunes. Ainsi tapissé, le
trottoir ferait un très joli mur d’escalade s’il était mis à la verticale.
C’est bien la première fois que je m’attarde sur des détails aussi peu
croustillants. Que se passe-t-il ? Le fait d’avoir un vagin me condamnerait-il
à voir le monde différemment ? Crotte après crotte – porte après porte,
dirait le slalomeur –, je suis à la trace mes nouvelles copines. Peut-être me
conduiront-elles dans un club privé où des Africains aux yeux injectés de sang
leur feront l’amour à toute vitesse, un amour de quelques secondes que
j’imagine réparateur, à la fois pour elles comme pour moi. Le teckel dont le
museau semble tout juste sorti du taille-crayon se met à renifler ma jambe. Le
voilà qui s’agrippe à mon pantalon, tube de rouge à lèvres turgescent entre les
jambes, paré pour une séance de barbouillage. Sa maîtresse, contrefaçon ratée
de Mariah Carey, tire inlassablement sur la laisse. Le teckel ne veut rien
savoir : il fait l’amour à ma jambe. Serais-je dans ma période de fécondité ?
Si tel était le cas, tous les clébards de Bangkok se seraient déjà rués sur moi
avec leurs bites luisantes sorties de leur fourreau comme des bâtons de glace à
la framboise, me réduisant à l’état de stalagmite. Encore une histoire de
phéromones, tout ça ! Font chier, ces gonzesses, avec leur chimie à la con !
GOOD GUY GOES TO
HEAVEN
BAD GUY GOES TO
PATPONG
Je poursuis ma promenade sur Surawong Road, le bas du
pantalon tâché. J’arrive à la hauteur de Patpong, lieu de loisirs nocturnes
célèbre pour ses bars à go-go, ses pussy ping-pong,
pussy smoke cigarette et autre banana
show. Autrefois, les établissements de nuit étaient animés en majorité par
des filles. Aujourd’hui, les transsexuels y ont pris le pouvoir. Et si je me
faisais baiser par un mâle femmé ? Le transsexuel
– ou ladyboy, comme on l’appelle ici – dispose généralement d’un pénis, en plus
d’être équipé de gros nichons. Alex, qui a pour maîtresse un transsexuel, m’a
dit que sa Lady Boom Boom, malgré un nom de scène qui laisse penser le contraire,
est incapable de bander, la faute à l’absorption quotidienne d’hormones
féminines. Dans ce cas, recourir aux
services d’un ladyboy, serait-il doté
des plus jolis nichons du monde, n’est peut-être pas la meilleure solution pour
moi. Je ne tiens pas à passer la nuit entière à essayer de faire bander mon
super-héros à forte poitrine ! Je préfère rester sur ma première
idée : m’appareiller à un vrai mec, un qui bande dur, un qui envoie la
sauce en deux minutes, un qui ne fait pas dans la dentelle – à l’image du
teckel de Mariah Carey. Voilà, c’est dit !
Magie thaïe - Cyril Namiech
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